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Une réponse au problème du mal: l'enfer

26 novembre 2015

Plan de la présentation

 1. Introduction : Qu'est-ce qu'une idée architecte? Pourquoi et comment l'enfer est-il architecte?

L’idée architecte se démarque d'un simple concept théorétique par ses répercussions concrètes et intemporelles. Celle-ci sert de charpente à une civilisation. 

 2. Première période historique: l'Antiquité

 L’Enfer ou, du moins, la conception classique de l’enfer (en tant que lieu de châtiment éternel), prend racine, en Occident, chez les Grecs de l’Antiquité. Représentation d’abord poétique et très imagée avec Homère et Hésiode, elle se transforme peu à peu en une réflexion philosophique sur le mal et son châtiment. Sur ce plan, nous relèverons les symboles de cet enfer antique ainsi que leurs répercussions sur plus de deux mille ans d’histoire.

  • Quelques noms à retenir: Homère, Hésiode, Platon, Lucrèce, Virgile...

 3. Un auteur majeur : Platon

Platon (427-377 avant J.-C) élabore une conception politique et sociologique de l'enfer. En vérité, le parradigme du philosophe en ce qui a trait au royaume d'Hadès est essentiellement législatif. D'une part, Platon considère que chaque décès est suivi qu'un jugement, qui sépare évidemment les bons des méchants. Selon le Phédon, deux catégories séparent les âmes mauvaises : les incurables et les autres. Les incurables, auteurs de pillages, d'homicides, ou d'actes impie, etc sont envoyés directement au Tartare et y restent à perpétuité. Les autres, quant-à eux, vont également au Tartare, mais ils ont la possibilité d'y sortir. D'autre part, Platon ajoute une dimension politique à sa vision de l'enfer, puisque les incurables sont généralement des hommes politiques, des rois, des tyrans et des responsables de désordres sociaux.

4. Seconde période historique: le Moyen-âge tardif

La fin de l’époque médiévale, marquée par un dogmatisme religieux omnipotent, matérialise ultimement la notion de l’enfer, lui prêtant une tangibilité beaucoup plus déterminante qu’à n’importe quelle autre période de l’histoire. On notera, d’ailleurs, que les représentations – extrêmement biens structurées – de ce nouvel enfer médiéval tendent à s’apparenter de plus en plus à un véritable système judiciaire.

 5. Œuvre d’art marquante : La Carte de l'Enfer de Botticelli.

La Carte de l'Enfer, réalisée par Sandro Botticelli vers 1485-1495, devait servir à illustrer un exemplaire de la Divine Comédie de Dante Alighieri (qui aurait été commandé par Lorenzo di Pierfrancesco de Médicis). 

  • Enfer hiérarchisé (9 cercles, répartition des peines selon le degré du péché).  Rapport judiciaire entre la notion du mal en soi et comment elle est interprétée dans la civilisation.

carte-enfer-dante-botticelli-inferno

6. Conclusion : actuellement, qu'en est-il de l'idée d'enfer? Qu'est-ce que l'enfer existentiel?

         => L'enfer chrétien est grandement ridiculisé dans la culture populaire

         => Le retour de l'enfer de Lucrèce : les Hells 

 

Mise à jour: jetez un petit  coup d'oeil dans la colonne de droite, plusieurs liens intéressants s'y trouvent!

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30 octobre 2015

Premier rapport de recherche - Transition des enfers antiques à l'Enfer chrétien

 

De l’Antiquité au Moyen-Âge : L’enfer comme réponse au problème du mal

Balbutiements et évolution de l’enfer dans l’Antiquité grecque

 Chez les poètes
L’enfer se manifeste d’abord sous une forme poétique au travers les œuvres d’Homère et d’Hésiode[1]. Le premier présente un enfer purement mythique (il est visité d’ailleurs par plusieurs héros tels Achille, Ulysse, Thésée, Eurydice, etc.). Cependant, l’enfer du poète représente également le lieu de résidence de tous les hommes au moment de leur trépas. Ce monde des morts, souterrain, possède déjà dans l’Antiquité son antagoniste, le ciel : «A Hadès[2] échurent les ténèbres brumeuses, à Zeus[3] échut le vaste ciel dans l’éther et les nuées.»[4] L’enfer, ainsi réservé à Hadès, est toutefois plutôt craint des hommes : Achille déclare justement: « Je hais comme les portes de l’Hadès », et « J’aimerais mieux être le serviteur d’un bouvier pauvre que de régner sur toute la foule des ombres. »[5]          

            Aussi, selon Hésiode, l’enfer ressemblerait à une jarre géante ou à une sorte de caverne[6]. Sa porte se trouverait au nord, en territoire cimmérien[7]. Le monde des morts est séparé du monde des vivants par le fleuve Océan[8], qui comporte trois affluents soit le Styx, le Cocyte et l’Achéron. Le poète raconte que «l’atmosphère y est humide et sent le moisi»[9] De plus, le royaume d’Hadès se divise en trois territoires différents. Tout d’abord, les Champs-Élysées donnent l’hospitalité aux âmes bienheureuses, qui jouissent d’une jeunesse éternelle[10]. Homère localise cette région sur les îles Fortunées[11]. Ensuite, le Tartare constitue un lieu punitif pour les ennemis des dieux. Le séjour y est d’ailleurs définitif[12]. Homère et Hésiode s’agencent sur la description de ce lieu, qui se situe «au plus profond du gouffre souterrain dont la porte est de fer avec un seuil de bronze, aussi bas au-dessous de l’Hadès est distant de la terre. »[13] Enfin, trois juges (Minos, Éaque et Rhadamanthe) gardent l’Enfer des méchants.[14] Il est cependant difficile de connaître le type de jugement exercé par les juges[15], puisque l’idée d’enfer à l’époque de la Grèce archaïque[16] n’a pas forcément de connotation punitive[17].

            Somme toute, l’enfer poétique, visité épisodiquement par quelques héros,  favorise surtout la rêverie et l’imagination chez les hommes, compte tenu de la nébulosité  des descriptions.[18] Les âmes qui se trouvent dans le royaume des morts sont essentiellement végétatives, ne subissant pas un sort davantage heureux que malheureux[19]. La notion classique de l’enfer (système pénal qui répond au problème du mal) n’apparait en réalité qu’avec Platon, les poètes orphiques et Pindare. La naissance de cette conception sera le sujet d’un prochain billet.


 

[1] Georges Minois, Histoire de l’enfer, Presses Universitaires de France, collection Que sais-je, 1994, sur Cairn.info, http://www.cairn.info.ezproxy.cegeptr.qc.ca:2048/histoire-de-l-enfer--9782130460213-page-14.htm (page consultée le 29 octobre 2015)

[2] « Frère de Zeus, de Poséidon et d'Héra, Hadès est le dieu des morts, le maître des enfers. De nombreux êtres et démons, tels Cerbère et Charon, l'assistent dans cette tâche. Il enlève Perséphone pour l'épouser. Paradoxalement, il est représenté tenant une corne d'abondance, signe de la richesse de la terre et du sous-sol. On le reconnaît alors sous le surnom de Pluton, le riche.» Robert Davreu, «Hadès», dans Encyclopaedia Universalis, http://www.universalis.fr/encyclopedie/hades/  (page consultée le 29 octobre 2015)

[3] «Zeus est le dieu le plus puissant du panthéon grec. Il a détrôné et tué son père Cronos pour parvenir au pouvoir, et règne avec une grande fermeté sur la société divine, comme un roi le fait parmi les hommes. Il dispose du pouvoir de rendre justice. On le représente en tant que maître de l'Olympe, assis sur un trône, avec un sceptre dans une main et le foudre dans l'autre.» Barbara Cassin, «Zeus», dans Encyclopaedia Universalis, http://www.universalis-edu.com.ezproxy.cegeptr.qc.ca:2048/encyclopedie/zeus/#titre-i_919 (page consultée le 28 octobre 2015)

[4] Homère, Iliade XV, chants 187-193.

[5]  Georges Minois, Op. cit.

[6] Georges Minois, Op. cit.

[7]Jacques Lacarrière, Au coeur des mythologies, Paris,  Éditions Oxus, collection civilisations, 2004, p. 275

[8] Georges Minois, Op. cit.

[9] Ibid.

[10] Frédérique Vivier, Mythologie grecque, Paris, Le Scribe, 2005, p.  40

[11] Olivier Clément, Mircea Eliade, «Enfers et paradis», dans Encyclopaedia universalis, http://www.universalis-edu.com.ezproxy.cegeptr.qc.ca:2048/encyclopedie/enfers-et-paradis/#titre7-i_26381(page consultée le 30 octobre 2015)

[12] Georges Minois, Op. cit.

[13] Robert Davreu, «TARTARE, mythologie», dans Encyclopaedia Universalis, http://www.universalis-edu.com.ezproxy.cegeptr.qc.ca:2048/encyclopedie/tartare-mythologie/#titre-i_26236 (page consultée le 30 octobre 2015)

[14] mythologie grecque p. 40

[15] Georges Minois, Op. cit.

[16] L’époque archaïque se situe d’environ 800 à 500 av.J.-C Pierre Vidal-Naquet, « GrÈcANTIQUE (civilisation), dans Encyclopaedia Universalis, https://docs.google.com/document/d/1vv4nZ0yVGFpbRjAvSUtKK96JUl_zyLH4mngbv7eu0A8/edit (page consultée le 29 octobre 2015)

[17] Frédérique Vivier, Mythologie grecque, Paris, Le Scribe, 2005, p.  40

[18] Jacques Lacarrière, Au coeur des mythologies, Paris,  Éditions Oxus, collection civilisations, 2004, p. 276

[19] Ibid,, p. 276


 

Période de transition: progression et redéfinition de l’enfer durant le Haut Moyen-Âge et le Moyen-Âge central (Ve-XIIe siècle)

La notion de l’enfer existe déjà dans l’Antiquité romaine, lorsqu’un christianisme en puissance s’enracine au sein d’une partie de l’élite et des grandes villes de l’Empire[1]. Très vaguement répandue dans l’imaginaire populaire, elle y prend des formes très hétéroclites[2]. Contrairement aux civilisations grecques de l’Antiquité (dont les Romains sont en grande partie héritiers) qui conçoivent un monde des morts souterrain et largement indifférencié, le christianisme introduit très vite l’enfer comme un système suppliciant (ce qui n’est toutefois pas étranger aux traditions orphiques[3] de la Grèce antique ou aux enfers étrusques[4]).

Ce n’est que bien plus tard que l’enfer (comme concept, « idée d’une rétribution post mortem des fautes »[5]) sera repris, augmentée et codifiée par les Pères de l’Église. Encore, il nous faudra attendre le XIIe siècle avant d’en obtenir une version plus officielle[6].

L’enfer chez les premiers chrétiens (IVe et Ve siècle) :

                        C’est le développement de la notion du Salut, fondamentale chez les Pères de l’Église[7], qui, par contraste, mène l’enfer à se concrétiser. Seulement, le sens et le caractère qu’on lui attribue sont encore très loin de faire consensus au sein de cette Église encore très jeune.

L’enfer des visions monastiques (VIe-Xe siècle)[8] :

                        La conception traditionnelle de l’enfer chrétien doit beaucoup aux milieux monastiques. « C’est dans les monastères que se maintient la tradition des récits de voyages aux enfers, sous forme de visions incorporées à des chroniques historiques, afin de leur conférer une plus grande authenticité. »[9]  L’Histoire ecclésiastique de l’Angleterre, composée par Bède le Vénérable, un moine anglo-saxon du monastère de Jarrow, au VIIIe siècle en est un bon exemple. Ce récit, prétendument historique comprend en effet quatre visions infernales. Chacune de ces visions a bien entendu un rôle moral fondamental. Aussi, l’idée de châtiment (physique) y apparaît très clairement.

            L’enfer, durant cette période de la chrétienté, se révèle ainsi très concret (et d’autant plus descriptif) et très hétéroclite (ses caractéristiques vont avoir encore tendance à varier d’une région à une autre, mais l’essentiel est conservé). L’aspect populaire est majeur.

Quelques exemples[10] :

  • Césaire d’Arles, moine de l’abbaye de Lérins devenu évêque d’Arles, utilise 
    largement la peur de l’enfer dans ses sermons 
    en évoquant des visions (VIe siècle); 
  • L’Histoire ecclésiastique de l’Angleterre (A History of the English Church and People, V, 12), composée par Bède le Vénérable fait le récit de quatre visions de l’enfer (VIIIe  siècle);
  • Le voyage de saint Brandan (IXe siècle), autre vision infernale, raconte comment le moine irlandais Brandan est parvenu, après une longue navigation, à une île sinistre où se trouvait Judas. La narration des tourments « soigneusement planifiés » de ce dernier est bien détaillée dans le récit.

Légende:
La bouche de l'Enfer verrouillée par un Archange, issu du Psautier d'Henri de Blois (vers 1150)

Ouverture
Les reprises de l'enfer tout au long du Haut Moyen Âge et du Moyen Âge central permettent ainsi de faire la transition entre les enfers mythologique et philosophique de l'Antiquité gréco-romaine et l'Enfer théologique du Moyen Âge tardif (1280-1492). C'est d'ailleurs celui qui nous intéressera plus particulièrement pour tout son apport à la civilisation occidentale (comme civilisation chrétienne). En effet, sa collaboration à l'élaboration d'un premier système judiciaire est intrinsèque. Dans notre prochain rapport, nous établirons et clarifierons ainsi toute la fonction judiciaire, mais aussi politique de l'Enfer chrétien du XIIIe et XVe siècle. 

[1] L’historien britannique Robin Lane Fox nous rappelle qu’une très infime partie de la population romaine est convertie au christianisme. Le paganisme, toujours largement implanté au cours du IVe siècle, reste le culte populaire d’une grande majorité de l’Empire (et ce, même après sa chute). Selon Fox, les chrétiens ne représenteraient que 4 à 5 % de la population totale de l’Empire en 312. Robin Lane Fox, « Païens et Chrétiens: la religion et la vie religieuse dans l'Empire romain de la mort de Commode au Concile de Nicée », Presses Universitaires du Mirail, 1997.

[2] On retrouve plusieurs récits sur l’enfer au sein de l’Empire romain : les dieux des enfers sont connus sous une grande pluralité de noms (Orcus, Dispater, Hadès-Pluton, Aïta, etc) et de caractéristiques. Très inspiré de l’enfer des Grecs (l’enfer tel que décrit par Virgile dans l’Énéide en est une belle preuve), l’enfer des Romains apparaît néanmoins nettement plus sinistre : « Il apparaît nettement que, malgré des interférences mythologiques, les Enfers étrusques gardent leur originalité sinistre : lieu peuplé de monstres et lieu de scènes d'horreur. Ce n'est pas la moindre étrangeté de cette religion d'avoir fait des Enfers un lieu plus tragique au moment même où l'apport de la mythologie grecque aurait pu, au contraire, procurer une vision plus pittoresque des choses. » « Étrusques », Encyclopédie Larousse [en ligne], http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/%C3%89trusques/118643 (page consultée le 24 octobre 2015)

[3] « Il est probable que ce passage de L'Odyssée reflète des influences orphiques. Ce sont en effet les orphiques qui ont modifié la conception traditionnelle de l'autre monde. Selon leurs vues, on subit dans l'Hadès la peine des péchés qu'on n'a pas expiés sur la terre. En descendant aux enfers, l'âme sera châtiée ou récompensée suivant ses fautes ou ses mérites. » Olivier Clément, Mircea Eliade, « Enfers et Paradis », Encyclopædia Universalis [en ligne], http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/enfers-et-paradis/ (page consultee le 24 octobre 2015)

[4] Voir note 2.

[5] Jérôme Baschet, « Les justices de l'au-delà. Les représentations de l'enfer en France et en Italie (xiie-xve siècles) », École Française de Rome, 1993.

[6] Ibid.

[7] Plusieurs Pères de l’Église s’intéressent très tôt dans l’histoire du christianisme au Salut de l’âme. Saint-Augustin (354-430), évêque d'Hippone, affirme une dialectique intérieure entre une « cité du Bien » (qui recherche le Salut de l’âme comme entité qui pense et aime Dieu) et une « cité du Mal » (qui recherche la perte de l’âme). Le Salut apparaît alors comme un élément essentiel de sa doctrine. Michel Meslin, « Augustin saint (354-430) », Encyclopædia Universalis [en ligne], http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/augustin/ (page consultée le 24 octobre 2015)

[8] Georges Minois, Histoire de l'enfer, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », no 2823, 1994; Histoire des enfers, Paris, Fayard, 1991, pp.49-67.

[9] Ibid.

[10] Tous les exemples sont tires de l’Histoire de l’enfer, Ibid

 

 

 

 

 

24 octobre 2015

Qu'est-ce qu'une idée architecte?

Avant tout, il est nécessaire de définir en quoi consiste une idée architecte pour mieux préciser le but cette recherche. Au sens général, l’architecte «conçoit le parti, la réalisation et la décoration de bâtiments de tous ordres, et en dirige l'exécution»[1] Dans une perspective plus théorique, l’architecte représente le «maître d'œuvre d'une réalisation importante.»[2]  Le talent d’un architecte vient, bien entendu, de sa capacité à concevoir un bâtiment qui se conforme aux exigences de son client, mais également l’originalité et survivance de son œuvre[3]. Ainsi, l’idée architecte se démarque d'un simple concept théorétique par ses répercussions concrètes et intemporelles. L’idée architecte sert donc de charpente à une civilisation.  



[1] «Architecte», dans Larousse, http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/architecte/5072(page consultée le 24 octobre 2015)

[2] Ibid

[3] Par exemple on peut parler des infrastructures qui datent de la Rome antique (ponts, aqueducs, Colisée de Rome etc) qui survivent mieux que ceux d’aujourd’hui. 

2 octobre 2015

Présentation de l'Idée architecte

carte-enfer-dante-botticelli-inferno

 

L’Enfer, comme dimension politique, sociale, religieuse et artistique au sein[1]  de la civilisation occidentale.

      L’Enfer ou, du moins, la conception classique de l’enfer (en tant que lieu de châtiment éternel[1]), prend racine, en Occident, chez les Grecs de l’Antiquité. Représentation d’abord poétique et très imagée avec Homère et Hésiode, elle se transforme peu à peu en une réflexion philosophique sur le mal et son châtiment. Sur ce plan, nous relèverons les symboles de cet enfer antique ainsi que leurs répercussions sur plus de deux mille ans d’histoire.

   Seulement, même si l’enfer se trouve à être une construction mythique, il prend néanmoins la forme d’une réponse très humaine au problème du mal[2] et ce, dès ses premiers balbutiements. Nous viserons ainsi à déterminer tout l’enjeu de cette idée architecte dans le monde occidental, de l’Antiquité grecque (Ve –IIe  siècle av. J.-C.) au Moyen-Âge tardif (XIIIe -XVe  siècle) en Europe.

     La fin de l’époque médiévale, marquée par un dogmatisme religieux omnipotent, matérialise ultimement la notion de l’enfer, lui prêtant une tangibilité beaucoup plus déterminante qu’à n’importe quelle autre période de l’histoire. On notera, d’ailleurs, que les représentations – extrêmement biens structurées – de ce nouvel enfer médiéval[3] tendent à s’apparenter de plus en plus à un véritable système judiciaire. Ici, nous travaillerons alors plus particulièrement à confirmer cette analogie, puis à décrire les impacts de ce christianisme « qui place le châtiment post mortem au cœur de son système religieux »[4]


[1] On pense notamment à Tantale ou Sisyphe qui y expérimentent des supplices sans fin.

[2] Georges Minois, Histoire de l'enfer, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », no 2823, 1994; Histoire des enfers, Paris, Fayard, 1991.

[3] On le remarque bien à l’enfer très structuré (lieu de châtiment divisé en neuf cercles selon l’importance des vices et des péchés) de Dante Alighieri (1265-1321) dans sa Divine Comédie.

[4] Jérôme Baschet, Les justices de l'au-delà : les représentations de l'enfer en France et en Italie (XIIe-XVe siècles) (Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome, 279), Rome, École française de Rome, 1993.

 

 

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Une réponse au problème du mal: l'enfer
  • Le blog a pour but de communiquer l'évolution de nos recherches sur l'enfer. Le projet s'effectue dans le cadre du cours les idées architectes, donné au Cégep de Trois-Rivières. Les auteurs soit Sandrine Chaput et Thomas Lefebvre, étudient en histoire.
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